De Blanca Li
Avec Khaleb Abdulahi, Arnaud Bacharach, Mamadou Bathily
Formée à la danse contemporaine dans l’école de Martha Graham, la chorégraphe andalouse a découvert l’électro il y a quelques années en observant un groupe de jeunes danseurs dans un parc. En 2010, elle en a fait un spectacle : « Elektro kif ». Le succès de la tournée fut tel qu’elle a eu envie de l’adapter au cinéma. « Elektro Mathematrix » a été tourné au lycée régional des métiers Raspail, à Paris, pendant les vacances de Pâques. Là où son mari, Etienne Li, est professeur de maths. Il joue d’ailleurs son propre rôle dans le film.
Entre l'ouverture des portes du lycée (premier plan) et leur fermeture (dernier plan) le spectateur aura suivi un groupe de lycéens peu "ordinaires"; soit 24h de la vie d'élèves/danseurs.
Le salut du matin? un geste chorégraphié. Et c'est sur une séquence de" battle" (deux jeunes filles y participeront d'ailleurs) que se clôt le film. Entre ces deux temps forts nous aurons pénétré dans les salles de classe, à l'atelier, au vestiaire, à la cantine, assisté à une partie de basket, etc.. .
Une journée peu ordinaire car c'est par le corps et le corps seul que s'expriment ces jeunes; sons et gestes ils les miment;( à l'atelier un concert de métal de marteaux de leviers et de bras qui semblent détachés en évoluant de façon autonome) . Corps ruisselants de sueur parfois; corps d'où surgit le Souffle primal..
Les voici en groupes ou en solos ou encore en duos. L'espace scolaire (dont la chorégraphe utilise d'ailleurs toutes les formes architecturales comme des décors) s'est mué en une scène théâtrale ou plutôt un espace de Vie, où se mêlent danse contemporaine, parodies de M Jackson, mimes, danses électro. La musique quasi omniprésente de Tao Guttierez fait vibrer la salle de cinéma d'électro et électro house, d'afrobeat et de musique classique aussi
Les rares paroles qui nous parviennent sont inaudibles (celles que profère le professeur de math quand il fait l'appel mais aussi quand il calligraphie d'équations le tableau noir, relèvent d'un galimatias très guttural). C'est que le geste est souverain...Il dit l'amour, le bien-être, mais aussi les conflits les rivalités et les "rêves" de ces jeunes aux allures déjantées, aux rires éclatants argentins, étouffés ou moqueurs, et au talent incontestable (surtout dans le popping)
Un film empreint d'humour aussi: pour exemple: lors d'une interrogation écrite les élèves vont rivaliser d'astuces avec les anti-sèches qu'ils arborent au prix d'impayables et incroyables contorsions -à l'insu du professeur qui "surveille" pourtant...
Un film qui exalte en le célébrant le plaisir inégalé de danser
Colette Lallement-Duchoze