De Cristian Jimenez Chili 2014
Avec Ingrid Isensee, Maria José Siebald, Paulina Garcia, Andres Was, Niels Schneider, Cristobal Palma
Argument: Sofia, jeune mère récemment divorcée, vit à Valdivia. En quête de tranquillité et de vérité, elle fait un vœu de silence inversé : plus de portable, de tv, d’internet, ni de lecture pendant un an. Au lieu de trouver la paix intérieure espérée, elle va déclencher une crise familiale comique et existentielle.
Sur écran vidéo (film dans le film) un accouchement; il est commenté par la parturiente Ana (soeur de Sofia) , de retour au Chili dans la maison familiale à Valdivia; son père s'éloigne "pudiquement" presque offusqué alors que sa mère est "jalouse" : elle n'était pas à ses côtés quand elle a accouché de Cau
Ce premier plan/prologue encoderait-il tout le film, un film construit sur de légers "différés"?
Voici une famille, quatre générations, cohabitant sous le même toit. Sofia en sera le pivot narratif. Les liens jusque-là indestructibles (du moins en apparence) vont voler en éclats dès l'instant où le père (prétextant imiter sa fille divorcée) décide à 60 ans de quitter la famille. Et des allers et venues, des allers et retours (à l'instar de ceux qu'effectuent les deux enfants de Sofia quand ils rejoignent leur père pour la garde alternée) vont rythmer la narration.
Dans cette comédie/chronique familiale (de type plutôt matriarcal) nous entendrons plusieurs voix off: celle d'un "narrateur extérieur" qui commente sonde explique le(s) comportement(s) de Sofia; celle que Sofia enregistre quand elle doit vanter tel ou tel produit (une voix qui exige répétitions modifications pour finaliser l'adéquation entre paroles et produit vanté); voix intérieure du personnage principal - Sofia a fait le voeu "d'être en off" en se "déconnectant" d'internet entre autres; voix off en décalage souvent avec l'image... Cette "déclinaison" va de pair avec la multiplication par duplication de versions d'une même histoire (le père était-il "gay"; "coureur de jupons" comme la rumeur le laisse "entendre" ou encore???) des "moyens de communiquer (via skype comme le fait Alicia la fille de Sofia avec son arrière-grand-mère? ou dans le silence intérieur comme l'a décidé Sofia ?)
Car le problème majeur est bien celui de la communication. Les deux sœurs (Sofia et Ana) malgré les apparentes divergences restent profondément complices (comme le suggère la fréquence de plans frontaux sur le duo); le mari d'Ana d'origine française est le confident malgré lui de sa belle-mère Matilda; les deux enfants de Sofia, Alicia et Roman, s'adonnent à des jeux "dangereux" quand ils ne sont plus sous l'égide maternelle (Alicia se complaît dans le rôle de bourreau).
Et c'est précisément la dichotomie entre le non-dit -qui correspondrait à une voix off- et ce qui est perçu ou montré -une sorte de voix in- qui imprime à ce film une certaine originalité; originalité que renforce toute une circulation de saveurs et d'odeurs !
Colette Lallement-Duchoze