De Pascal Bonitzer
Avec Agathe Bonitzer, Vincent Lacoste, Jean-Pierre Bacri, Lambert Wilson, Isabelle Huppert, Pascal Gregorry
Les projets sont faits pour être réalisés, les rêves pour être brisés », c'est une vérité d'évidence, un truisme pour le directeur Barsac (Lambert Wilson) d'un cabinet conseil en "fusions-acquisitions". Et le film serait censé illustrer ces propos pour le moins cyniques.
Son titre au laconisme de slogan publicitaire illustre bien une fonction programmatique...En outre il est construit sur le principe de la binarité et/ou de l'opposition: une direction bicéphale chez ABFi; deux soeurs, deux jeunes loups, deux univers (celui glacé aux couloirs bureaux escaliers comme désertés par l'humain) et celui d'un appartement au charme suranné où vit Serge le père de Nora), Solveig et ses deux amours.
Cette binarité formelle épouse-t-elle les "trames" de fond? Celles que la métaphore du banian sous-entend; cet arbre qu'affectionne Prevôt Parades (Pascal Gregorry) croît aux dépens des autres, auxquels ses branches s’enroulent. Ainsi se définirait le jeu d'intrigues souterraines progressivement extirpées; car le monde de la finance n'est dans ce flm qu'une "toile de fond" sur laquelle viennent se "projeter" ou se fracasser des réminiscences, des projets avortés, des amours contrariés, et la thématique de la transmission familiale par exemple serait bien plus prégnante que la satire du monde de la haute finance!
Et pourtant!!
Des intrusions "surnaturelles"(l'énorme chien "fantôme" cauchemar de Nora, la femme de ménage aux croyances de type vaudou) des propos salaces (ceux de Solveig par exemple), les scènes avec la soeur de Nora une chanteuse sans prétention, une fin genre "happy few", sauveraient-ils in extremis un film globalement décevant???
(Tout cela ne remet nullement en cause l'interprétation d'Agathe Bonitzer aussi glaçante parfois que son aînée Isabelle Huppert)
Colette Lallement-Duchoze