1 juin 2016 3 01 /06 /juin /2016 06:18

De Anders Thomas Jensen (Danemark)


Avec Mads Mikkelsen, David Dencik, Nicolas Bro, Nikolaj Lie Kaas, Søren Malling

 

Men & Chicken

"Voici l'histoire de frères qui"….scandent deux enfants en portant un panier d'oeufs ; un décor flouté et pourtant lumineux -comme hors du temps; c'est le prologue; nous les retrouverons à la fin comme dans un épilogue "c'était l'histoire de frères...."Oui mais quelle histoire! Conte? Parabole? Apologue? 

À la mort de leur père, Elias et Gabriel découvrent qu'ils ont été adoptés et que leur père biologique, Evelio Thanatos, est un généticien qui travaille dans le plus grand secret sur une île mystérieuse dit le pitch

Cette "nouvelle" exacerbe les symptômes dont ils souffrent en permanence: vomissements incontrôlés pour l'un, masturbation effrénée pour l'autre. Et le film pendant quelques instants pourrait s'apparenter à un road movie (deux frères aux visages déformés par un bec-de-lièvre, en partance à la recherche de leur père géniteur). Mais l'essentiel  va se dérouler dans un ex manoir presque en ruines. C'est là, sur cette île, que "vit" leur père biologique (un généticien qui s'enfermerait dans ses fantasmes de chercheur - tout comme est verrouillée sa cave/laboratoire.). C'est là qu'ils devront cohabiter avec leurs demi-frères aux trognes de dégénérés (le bec-de-lièvre comme signe distinctif de la fratrie, une "marque de fabrique"..) -aux pulsions violentes, au langage fait de galimatias ou de borborygmes. La "demeure" abrite aussi toute la gent animale (taureau, cochon, chien, poules etc) et l'on fait bon ménage avec cette ménagerie (certains "animaux" sont hybrides...) Mais une violence "bestiale" semble présider du moins au début, aux rapports humains : un bon coup de massue ou l'enfermement provisoire dans une cage telle serait la règle du savoir-vivre …

Et pourtant que d'humanité sous les masques de la dérision et de la déraison! (voir le final! une apothéose que cette Cène de famille composite et recomposée ...ce qu'illustre l'affiche)

L'hybridité (et le titre doit être pris au sens littéral) sert ainsi de ressort à une farce -grotesque  ou loufoque c''est selon- mais qui aborde le problème du "déterminisme", du normal et de l'anormal, de la part d'animalité qui est en chacun de nous et de son acceptation ou de son refus

Hybridité formelle aussi, dont témoignent le mélange de plusieurs musiques et le mélange de plusieurs genres -fantastique, anticipation ou science fiction, tragique, comique-

Les fidèles du festival du cinéma nordique se rappelleront "les bouchers verts" de ce même réalisateur (avec déjà Mads Mikkelsen)

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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