29 mai 2016 7 29 /05 /mai /2016 15:20

Documentaire réalisé par Tamara Erde 2014 (Israêl, France)

This is My  Land

Réalisatrice franco-israélienne Tamara Erde explique tout d'abord la genèse de son projet "Je me fiais à l'histoire de mon pays racontée à l'école. J'étais patriote et voulais m'engager dans l'armée. J'ignorais tout de l'histoire palestinienne et de l'occupation. C'est pendant mon service militaire que j'ai commencé à me poser des questions et à douter. Devenue documentariste, j'ai posé ma caméra dans une école pour voir comment les jeunes appréhendent le pays et son histoire..."

Nous allons la suivre à Haïfa, Ramallah, Ibin (village arabe), Neve Shalom/Whahat al Salam (village arabe et juif), dans la colonie d'Itamar (Cisjordanie) et dans un camp de réfugiés à Naplouse. Presque toujours hors champ elle filme une classe pendant un cours d'histoire (parfois avant et après), alternant plans d'ensemble plans moyens et rapprochés et nous voici comme immergés dans ces univers (écoles publiques ou religieuses) à l'écoute de ces enseignant(e)s, à l'écoute de ces jeunes souvent matures mais qui reproduisent le discours "convenu" sur l'Autre, l'Altérité. La séquence peut se prolonger par des rencontres avec les enseignant(e)s. Une seule fois nous emboîtons le pas d'un élève isolé; l'environnement aux façades délabrées détonne avec celui de l'école orthodoxe juive par exemple...

Entre chaque séquence nous prenons la route; une route qui longe le mur de "séparation" avec ses barbelés ou qui traverse d'arides paysages; pas de bande-son mais  la musique troublante de Siegfried Canto. La route comme méandre vers? comme chemin tout tracé vers le NEANT? Car l'atmosphère sera de plus en plus "pessimiste" quand sera plus âpre mais ce faisant plus authentique le "discours" de certains intervenants...(dans l'école mixte, Raïda Aiashe peine à "expliquer" le sens de certains mots, à contextualiser, son "partenaire" juif la "corrige" sans cesse;  à Ramallah  Ziad Khadash abandonne la métaphore pour un discours plus réaliste sur la condition des Palestiniens ; la chercheuse en histoire de l'éducation sait que commémorer chaque année la Shoah entretient le traumatisme au lieu de ...que la visite de camps en Pologne peut susciter la haine ou du moins conforter les juifs dans leur éthos ; et le discours de Benjamin Netanyahou que diffusent des haut-parleurs n'est qu'incitation à...sous couvert de... )

 

Que la manière d'enseigner l'histoire à des élèves soit déterminante dans l'interprétation du passé, dans la construction d'une idéologie, est presque un truisme. On peut "fabriquer" une pensée, la formater -surtout du côté israélien dans ce film - et ainsi  dresser dans l'esprit de jeunes élèves, un MUR (incompréhension de l'autre)....à l'instar de celui qui sur presque 1000km cloisonne sépare et dont la construction a spolié les Palestiniens de leurs biens ("terre promise par Dieu"? Non, simplement "terre de nos ancêtres" affirme Raïda Aiashe, un des personnages les plus attachants du film)

Film pessimiste diront certains; ne serait-ce pas plutôt la cartographie lucide d'un présent aux rares intermittences lumineuses? (cf cet enfant qui, sur un muret à l'école publique de Ramallah, lit des poèmes de Mahmoud Darwich avec son maître aux méthodes d'enseignement si originales!!!)

 

Que signifie le mot "paix"? L'adolescent hésite puis affirme "qu'un garçon de 17 ans censé être innocent, naïf et rêveur, ne sache pas expliquer ce que signifie le mot paix est tout le problème de ce pays"

"les enfants aussi peuvent changer les choses" (un enfant) "j'espère que tu réussiras là où nous avons échoué" lui répond, émue, Raïda Aiashe

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

  

Réalisatrice franco-israélienne Tamara Erde explique tout d'abord la genèse de son projet. "je me fiais à l'histoire de mon pays racontée à l'école. J'étais patriote et voulais m'engager dans l'armée. J'ignorais tout de l'histoire palestinienne et de l'occupation. C'est pendant mon service militaire que j'ai commencé à me poser des questions et à douter. Devenue documentariste, j'ai posé ma caméra dans une école pour voir comment les jeunes appréhendent le pays et son histoire. Certains veulent chasser les Palestiniens tandis que d'autres, pessimistes, ne se font aucune illusion sur la fin du conflit

 

Puis nous allons la suivre à Haïfa, Ramallah, Iblin (village arabe), Neve Shalom/Whahat al Salam (village arabe et juif) dans la colonie d’Itamar (Cisjordanie) et dans un camp de réfugiés de Naplouse.. Presque toujours hors champ elle filme une classe pendant un cours (parfois avant et après), alternant plans d'ensemble plans moyens et plans plus rapprochés, et nous voici comme immergés dans ces univers, à l'écoute de ces enseignant(e)s, à l'écoute de ces élèves souvent matures mais qui reproduisent le discours "convenu" sur l'Autre, l'Altérité. La séquence peut se prolonger par des rencontres avec des enseignant;e;s.. Une seule fois elle nous fait emboîter le pas d'un élève isolé; l'environnement aux façades délabrées lamentables, détonne avec celui de l'école juive orthodoxe en Judée Samarie par exemple...

Entre chaque séquence nous prenons la route; une route qui longe le mur de "séparation" avec ses barbelés, ou qui traverse des paysages assez arides; avec comme bande son la musique troublante de Siegfried Canto. La route un méandre vers?. La route comme chemin tout tracé vers le NEANT? Car l'atmosphère sera de plus en plus pesante quand se fera plus âpre mais ce faisant plus authentique le "discours" de certains intervenants

Que la manière d'enseigner l'histoire à des élèves soit déterminante dans la construction d'une idéologie, l'interprétation du passé, jusque-là rien de bien singulier. On peut "fabriquer" une pensée, la formater et ce faisant (surtout du côté israélien) ériger dans l'esprit de jeunes élèves un MUR d'incompréhension...à l'instar de celui qui sur presque 1000km cloisonne sépare et dont la construction est passée par la spoliation des biens des Palestiniens ("terre promise par Dieu"? Non simplement "terre de nos ancêtres" affirme Raïda, une enseignante en école mixte, l'un des personnages les plus bouleversants de ce documentaire)

 

Extraits:

Ramallah école publique; sur un muret un enfant raconte le meurtre de sa mère par un soldat israélien; petit il était dans ses bras et il est tombé. Aujourd'hui, il lit des poèmes de Mahmoud Darwich avec son maître Ziad Khadash. Ah ce maître aux méthodes d'enseignement si "originales"

Un enseignant palestinien de nationalité israélienne a vu son livre d'histoire censuré par le ministère car il parlait de Palestine et non d'Eretz Israel (terre d'israël)

Une classe se rend en Pologne afin de comprendre in situ l'extermination de leurs ancêtres; ils en seront non seulement bouleversés mais confortés dans l'idéologie de la doxa juive. Chaque année on commémore la Shoah. Mais Nurit Peled Elhanan, chercheuse en histoire de l’éducation, conteste cette façon de reproduire le traumatisme au lieu d'en "tirer un enseignement pour la construction politique de l'avenir"

"Que signifie le mot paix? L'adolescent hésite puis Qu’un garçon de 17 ans, censé être innocent, naïf, rêveur, ne sache pas expliquer ce que signifie le mot "paix" est tout le problème de ce pays.

 

Les enfants aussi peuvent changer les choses » (un enfant) « J’espère que tu réussiras là où nous avons échoué » répond Raïda.

 

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