11 avril 2016 1 11 /04 /avril /2016 14:51

Documentaire réalisé par Manoel de Oliveira  (1908 - 2015) Portugal

 

en 1982 Manoel de Oliveira réalise, dans le plus grand secret, un film qui ne devait être visible qu'après sa mort

Doit-on pour autant considérer ce film autobiographique comme un testament?

Visite ou mémoires et confessions

« L’étoile rare de la maturation », dit un homme -voix off-.à propos d'une fleur de magnolia que la caméra était venue cueillir sur cet arbre surplombant tous les autres. Une femme -voix off- lui répond. Qui sont ces personnes? Nous ne les verrons pas. Des visiteurs? nous ne le saurons pas. Mais leur conversation (très écrite) accompagne presque tous les mouvements de la caméra qui nous invite à découvrir la maison de Manoel de Oliveira.. Extérieur d'abord en un mouvement panoramique; intérieur avec travellings et profondeurs de champ; la légèreté de ses mouvements rappelle la suavité d'une caresse Une maison, -voix off de l'homme-, est un objet qui permet que je m’entende avec une autre personne. Un objet qui dès le début de ce film autobiographique s'est métamorphosé en sujet. Cette demeure est filmée avec amour; elle respire de tous ces effluves qui circulent en son sein, elle s'offre pudique et voluptueuse aux regards des visiteurs(?) à ceux du spectateur; car les objets qui l'habitent "ont une âme" : les fauteuils disent le calme, les coquillages des étagères évoquent les voyages, les tableaux et sculptures le goût pour l'art; et les photos, légèrement patinées, témoignent du passage des êtres chers.

Elle n'est pas encore désertée même si elle n'est plus habitée. Or Manoel de Oliveira doit se séparer d'elle. Nous sommes en 1982 le réalisateur a 74 ans; à son actif 6 longs métrages, à son passif des dettes; il est contraint de vendre la maison de Porto qu'il habite avec sa femme Maria Isabel depuis quarante ans ( femme que nous voyons et entendons à un moment souriante et solaire).  Une blessure, une rupture, une déchirure. Il nous invite à la visiter avec lui, et dans cette promenade, écouter ses "confidences" ses "confessions" - le titre du film est à prendre au sens littéral- promenade comme voyage au coeur de ses pensées, de son être dans son entièreté!

 

Mais quand l'auteur face à la caméra, ou de profil en train de taper (un scénario?)  parle d'abondance (et tous les sujets sont abordés: politique, famille, amour, littérature, art etc.) la longueur insistante des plans fixes fait que l'on décrochera vite (hormis les cinéphiles admirateurs invétérés de cet auteur portugais et les exégètes qui décèleront et analyseront dans ce film de 1982 les promesses des œuvres à venir). Et ce, même si le traitement des images (avec ce mélange de diapos de photos de films) rappelle parfois la démarche cubiste; un espace démultiplié à partir de cet élément fixe et pourtant si vivant qu'était la Maison, SA MAISON!

 

Colette Lallement-Duchoze

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