27 avril 2016 3 27 /04 /avril /2016 07:33

De Phan Dang Di (Vietnam)

avec Do Thi Hai Yen, Le Cong Hoang, Truong The Vinh

 

titre original: Cha và con và "Père et fils et ... "

titre version anglaise: big father small father and other stories

titre version française : Mekong stories

 

 

Saïgon début des années 2000. Vu est apprenti photographe. Thang vit de petits trafics et Van rêve de devenir danseuse. Réunis par le tumulte de la ville, ils vont devoir affronter la réalité d'un pays en pleine mutation...

Mekong stories
Mekong stories

Après un vaste panoramique, voici un plan large sur l'une des rives du Mékong (à l'horizontalité des maisons répond en s'opposant la verticalité d'immenses buidings modernes en arrière-plan) puis un lent travelling avant jusqu'à une de ces maisons où Vu apprenti photographe va louer une chambre; dans cette demeure cohabitent Thang (serveur dans une boîte de nuit ) et Cuong chanteur de rue. Avec d'autres on les verra rassemblés pour un repas (quand le père offre à son fils Vu un appareil photo...)

Le film obéit à un rythme et invente un récit tels qu'ils bousculent les "attentes" du spectateur: sans raccord évident on passe d'une scène à une autre, d'un personnage à un autre, on quitte la fébrilité urbaine (discothèques; trafics; jeux d'argent) pour l'atmosphère fantasmagorique de la mangrove; on passe des lueurs feutrées ou phosphorescentes au limon boueux cendré dans lequel vont se lover des corps nus.  La forme narrative choisie fait ainsi la part belle aux ellipses laissant le champ libre à l'interprétation du spectateur -les parcours fragmentés se poursuivraient hors champ?? Hormis l'intermède à la campagne chez le père de Vu,  assez éloquent sur les comportements pulsionnels... 

Un film où les regards -ceux du désir notamment-,  où les corps emperlés de sueur, semblent chorégraphier des aspirations contraires (voici par exemple le cas de Van la petite amie de Thang: les ondulations lascives de son corps en discothèque s'opposent aux cours de danse classique qu'elle suit avec l'espoir de devenir "ballerine"; voici Thang qui va payer sa dette de jeu en "acceptant" un rapport sexuel avec son "créancier" et Vu qui voudrait "être Van pour pouvoir aimer normalement Thang" ; les photos qu'il fait de lui sont toujours "floues", elles accusent le tremblé de qui est amoureux).

C'est l'image d'une jeunesse qui est mise en exergue. Une jeunesse qui au seuil des années 2000 veut vivre la frénésie du renouveau économique de son pays (l'embargo américain a été levé en 1994) mais impécunieuse souvent, comment y parviendra-t-elle? Avec quel argent s'acheter une guitare? Offrir un portable à sa petite amie? ....Un arrière-plan économique et social vécu par certains dans une amère désolation !!

Dès la fin des années 80 l'Etat avait mis en place une politique de limitation de la fertilité mais comme "peu de personnes répondaient à l'appel -chaque quartier ayant son quota de stérilisations à respecter- on a attiré les candidats en les payant" À plusieurs reprises le réalisateur mentionne ce phénomène -vérifications du quota de stérilisations ; discours des jeunes encore dubitatifs avant de subir une vasectomie, quête de certificats de fausse parentalité, et vers la fin ce plan en plongée sur le corps de Vu que recouvrent en une sorte de suaire à la fois le vêtement blanc maculé de sang et la froideur de l' hôpital...

 

Défilent les photos en argentique que Vu est censé avoir prises; comme si au final le labyrinthe/ puzzle était reconstitué, l'œil du photographe se substituant à celui de la caméra....

 

Colette Lallement-Duchoze

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