8 mars 2016 2 08 /03 /mars /2016 06:37

de Carlos Saboga Portugal

avec Joana Ribeiro (Ilda) Paulo Pires (Vargas) Judith Davis (Laura)

 

argument: 1942. Dans le Portugal de Salazar, deux réfugiés Français suspects, Boris et Laura, sont arrêtés. L’inspecteur Vargas, séduit par la jeune femme, décide de les cacher chez lui : un hôtel désert où il vit avec sa fille Ilda et sa femme gravement malade. Ilda découvre leur présence et, rongée par la jalousie, s’attache à les faire disparaître coûte que coûte…

A une heure incertaine

À l'écart de la Deuxième Guerre Mondiale (dont les échos nous parviennent par intermittences à la radio qui diffuse surtout les discours de Salazar) le Portugal est comme une terre d'accueil pour des réfugiés à la recherche de liberté. Ce qui motive  les attentes de  Boris et Laura; ils  ont échappé aux camps de la mort (ces camps dont Boris immortalise les horreurs dans des dessins cauchemardesques) et ils espèrent trouver un asile. Mais......Après les interrogatoires et la cellule, c'est la réclusion,  "dorée" en apparence mais  vécue comme une seconde "garde à vue" !?

L'essentiel du film se passe à l'intérieur de cet hôtel désaffecté. Soit un décor unique en clair-obscur avec de longs couloirs et de belles profondeurs de champ, des escaliers "dérobés"(?), des salles au mobilier recouvert de draps blancs aux formes spectrales, des portes fermées (détentrices de secrets?), des fenêtres capitonnées de rubans protecteurs.

Atmosphère oppressante (plus que lugubre) d'autant que cet hôtel imprime la matrice des obsessions érotiques et de la mort: Ilda la fille de l'inspecteur Vargas, en est la douloureuse incarnation. Sa lecture de la Bible (les filles de Lot) satisfait par procuration sa libido; lovée auprès de sa mère Marta (malade?paralysée?) qui repose tel un gisant, elle renoue avec la prime enfance; sa passion incestueuse dévorante pour son père lui fait commettre l'irréparable; en utilisant les mêmes armes que les bourreaux -violence verbale, menace de renvoi- elle parvient à ses fins. "A une heure incertaine" c'est aussi le passage à l'âge adulte (mais à quel prix pour Ilda? Celui de la déraison de la mort et du deuil)

Les portes sont censées cacher des secrets, la clef, celle qui donne accès au refuge de Boris et Laura, est objet de chantage; les caresses incestueuses (Boris et Laura, Ilda et Andreolina) les frôlements amoureux (Ilda et sa mère, Vargas et Laura) les rapports violents (Andreolina victime de Jasmin), les ellipses et les non-dits, les chuchotements, tout dans ce huis clos transforme bien vite les fragrances en parfums vénéneux...

Un espace-temps délétère à l'image du pays lui-même? Indubitablement

Au final et pour paraphraser le titre (qui renvoie à un poème de Primo Levi) tous les personnages ne seraient-ils pas des "morts en sursis" ?? Mors certa, hora incerta

 

Colette Lallement-Duchoze

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