de F. Leon de Aranoa
avec Benicio Del Toro, Tim Robbins, Mélanie Thierry, Olga Kurylenko, Fedja Stukan
présenté au festival de Cannes 2015 (Quinzaine des Réalisateurs)
adaptation du roman de Paula Farias "Dejarse Llover"
argument: Bosnie fin de la guerre. Le seul puits à des kms à la ronde est souillé car le cadavre d'un homme y a été volontairemnt jeté . Il s'agit pour des travailleurs humanitaires de l'extraire avant que l'eau ne soit contaminée...
Réalisateur espagnol, casting international, titre anglais (antiphrastique), tournage en Espagne!!! "quelque part dans les Balkans » telle est la mention initiale, suffisamment floue pour ne pas attiser les discordes sur la guerre en ex-Yougoslavie .
Dénoncer l'absurdité de la guerre en général? à travers l'exemple de la Bosnie fin des années 1990? peut-être; sûrement. Mais sans le trash de MASH, sans la verve loufoque de "no man's land"
Les cinq personnages en mission humanitaire en Bosnie à la fin de la guerre , Mambru, Sophie, Katya, B et Damir -le traducteur, interprétés avec plus ou moins de brio, en sont réduits à illustrer des archétypes tant ils sont stéréotypés (une idéaliste de pacotille, une psycho rigide, un cow-boy charitable, un vétéran déphasé permanent...). Les "villageois" dans la scène d'ouverture se contentent d'une piètre figuration. Si l'on ajoute la récurrence de ces vues aériennes sur les routes en lacets, censées illustrer la pénibilité et la pugnacité des travailleurs humanitaires à bord de leurs véhicules, on se dit avec une certaine amertume que décidément c'est un film assez poussif!!!!
Certes il est traversé ça et là par des "signes" : la scène qui ouvre et clôt le film (la présence d'un cadavre dans un puits) est une forme d'allégorie; la coexistence du tragique et du comique autorise une distance critique (les diktats des gouvernements qui au gré des événements se contredisent, la recheche épique d'une corde, la présence d'une vache "piégée" bloquant le passage); les "reflets éclatés " dans le miroir de la maison détruite sont à l'image d'un pays cabossé et disparate, l'horreur qui parfois s'impose frontalement (les pendus), ces morceaux de musique rock et punk qui jouent le rôle de contrepoint; mais globalement cette chronique qui se veut à la fois humaniste et humanitaire, n'est pas convaincante ....
Colette Lallement-Duchoze