Documentaire-fiction réalisé par Alexander Nanau Roumanie 2014
(Grand prix du festival d'Angers "premiers plans" janvier 2015)
Synopsis C'est l'histoire singulière d'une famille Rom en Roumanie d’aujourd’hui, celle de Toto (10 ans) et de ses sœurs, Ana (17 ans) et Andrea (15 ans). Pendant que leur mère est en prison, Toto apprend passionnément à lire, écrire et danser, tandis que ses sœurs essayent de maintenir l'équilibre familial dans un monde qui a oublié depuis longtemps ce que devrait être l'innocence de l'enfance.
Ce documentaire est si réussi, si émouvant qu’on croirait une fiction tout comme Hope, ce film fiction de Boris Lojkine , (sorti en 2014) sur couple de migrants africains, qui, lui, ressemblait à s’y méprendre à un documentaire. Dans les deux cas, il s'agit d'histoires renversantes, qui marquent, percutent même, nos esprits à l’abri du malheur social.
Toto est ses sœurs ne tombe pas dans le glauque bien qu’il dépeigne la grande misère des Roms en Roumanie. Le film est tonique, filmé à la fois avec bienveillance et beaucoup de distance. Il rend hommage aux travailleurs sociaux de Roumanie; et ils ne sont pas du tout absents du paysage, contrairement à ce qu'on aurait pu supposer.
Enfin, le personnage de Toto est attachant sans jouer, étonnamment; les sœurs tour à tour évoluent et nous surprennent; la mère qui purge une peine de prison pour drogue est omniprésente par son absence. La dernière scène où elle rentre chez elle après avoir purgé sa peine de 7 ans d’emprisonnement, accompagnée de sa fille cadette et de Toto est un morceau d’anthologie qui mérite le déplacement à lui seul.
Vite, ne ratez pas ce film !
Serge Diaz
Dans cette chronique "familiale" qui s'étale sur plus d'une année, le cinéaste filme au plus près les 3 enfants – les enfermant encore plus dans l'inconfort d'une pièce exiguë –; et il lui suffit de quelques travellings ascendants sur des façades délabrées ou des vues en plongée sur la chaussée pour mettre comme en exergue leur environnement sociologique minable ...
Si la dernière séquence comme l'écrit Serge est un "morceau d'anthologie" elle ne prend sens que comparée à une autre séquence à laquelle elle fait écho; dans l'une, les enfants allaient au-devant de la mère en lui rendant visite à la prison et ils scellaient une union "sacrée" (blottis dans le sein d'une mère aimée); dans la séquence finale, plus d'une année s'est écoulée, chemin inverse: la mère revient au logis mais elle est désacralisée, déchue; les rôles sont inversés: Andrea qui a su protéger son petit frère en l'absence de la mère peut tancer cette dernière et ne tolérer aucune excuse...dans le train elle joue le rôle de procureur, Toto est recroquevillé dans son sommeil alors que la mère peine à plaider non coupable
Comme l'auteur procède par ellipses (une constante dans ce film) tout en ne masquant rien d'ailleurs (c'est une des forces de son film) c'est au spectateur de questionner et de combler, éventuellement, les interstices...
Il conviendrait d'ajouter la "force" de ces scènes où Andrea se filme avec son petit frère, relayant ainsi le "rôle" du cinéaste...
CLD (le 11/01/2016)
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