13 décembre 2015 7 13 /12 /décembre /2015 07:44

De Alex Van Warmerdam (Pays-Bas)

avec Tom Dewispelaere (Schneider) Alex Van Warmerdam (Bax)

La Peau de Bax

Cette comédie/thriller qui respecte la règle classique des trois unités [de lieu -région marécageuse hormis pour le prologue et l'épilogue-, de temps -un mardi- et d'action -chasse à l'homme- ] aurait dû à mon humble avis, garder son titre d'origine "Schneider vs Bax"; opposition binaire qui épouse précisément la binarité du film; deux mouvements; va-et-vient intérieur/extérieur; double chasse à l'homme; deux types de vie et de comportement; et partant, deux façons de les appréhender. Schneider mari et père aimant? (comme le montre explicitement la scène inaugurale); Bax écrivain alcoolo drogué rustre? (comme l'atteste une scène en montage parallèle dans laquelle il renvoie sans ménagement sa jeune maîtresse, au prétexte que sa fille va débarquer). Cette première impression se fissure très vite: Schneider est un tueur à gages...l'alcoolo drogué macho d'abord antipathique se révélera...plus humain. (idem pour sa fille Francisca d'abord agaçante en femme dépressive, mais qui va se révéler adversaire redoutable, dans la défense de son père...)

 

Une intrigue faite de rebondissements, d'imprévus, de coups de théâtre, n'est-ce pas un des ressorts de la comédie? Mais la prolifération de personnages dits "secondaires", autre ressort du comique, peut gêner car le cinéaste se contente souvent de les aligner telles des figurines représentatives d'une tare ou d'une fonction (le papi obsédé sexuel, la jeune maîtresse hystérique, l'épouse/mère aimante et compréhensive, le mac etc.)

Plus convaincante est cette façon de filmer intérieurs et extérieurs. Dès le début le spectateur est plongé dans une lumière écrasante; certes nous sommes en été; mais la blancheur a une connotation sépulcrale surtout dans le bungalow qu'occupe Bax: chambre, salle de bains, façades tout est empreint de cette froideur (macabre...). En revanche les jeux de lumière sur les marécages, les roseaux et partant, les variations de verts font que ces lieux où l'on se guette, où l'on s'épie et où l'on se perd, deviennent des personnages à part entière. Et comme il s'agit avant tout de "chasse à l'homme" c'est la récurrence du "viseur" (qu'il s'agisse de celui de Schneider de Bax ou de Francisca) qui rythme le mouvement et crée une sorte de tempo...

 

Si vous ne connaissez pas Alex Van Warmerdam (réalisateur entre autres de La robe, Les Habitants, Borgen),  voir La Peau de Bax est une belle occasion d'aller à sa rencontre!

 

Colette Lallement-Duchoze

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