15 novembre 2015 7 15 /11 /novembre /2015 07:25

Film roumain de Radu Muntean

Avec Teodor Corban, Iulian Postelnicu, Iona Flora

Présenté au festival de Cannes, section: Un Certain Regard

L'étage du dessous

Cinquième long métrage (on se souviendra peut-être de "Mardi après Noël") de Radu Muntean (cinéaste moins connu que Corneliu Porumboiu, Cristi Puiu, ou Cristian Mungiu) le film "l'étage du dessous" frappe d'emblée par son parti pris de ne pas donner une dimension politique à une histoire "banale".. Foin de de cette peinture "en creux" d'une Roumanie post communiste. Le sentiment de responsabilité, qui peut se muer en culpabilité, est -ici- uniquement personnel, individuel. Anti-héros malgré lui ce Patrascu? Un quinqua tranquille qui balade son chien dans un square en vue d'un "concours" et qui lui-même à force de jogging et d'eau minérale pense venir à bout d'une légère surcharge pondérale. De retour après cet exercice dans un immeuble sans ascenseur il entend des cris, prête l'oreille. Il verra sortir un "présumé meurtrier" MAIS il ne dira rien (ni à sa femme, ni au policier, ni à ses potes). Seul avec lui-même et ce "secret" qui va le ronger de l'intérieur, d'autant que Vali, le meurtrier (?) s'incruste dans sa vie professionnelle et familiale.

C'est cela le cinéma de Radu Muntean: banalité apparente , tension sous-jacente . La banalité? Ou les gestes répétitifs du quotidien! Récurrence de ces plans fixes sur la façade de l'immeuble, cage d'escalier, scellés sur la porte, récurrence de scènes d'intérieur (un appartement quelconque mais avec de belles profondeurs de champ) récurrence des scènes du square, etc. Tension? On doit à l'acteur Teodor Corban (déjà vu dans le picaresque et valaque Aferim de Radu Jude) -qui bien évidemment est de tous les plans-,  de rendre palpable par un tout petit rien ce qui progressivement va le laminer de l'intérieur (regard, geste) jusqu'à la "révélation" finale sous forme de cauchemar....

Plans séquences, caméra fixe (souvent), absence de musique, voilà un film qui peut "dérouter" d'autant que RIEN n'est dit explicitement ni même suggéré (hormis le parcours dédalien voire kafkaïen pour l'obtention de papiers -et Patrascu, de par son métier aide à le simplifier- parcours que l'on pourrait mutatis mutandis mettre en parallèle avec son cheminement intérieur ?)

"tu veux que j'aille te balancer" lui dira Vali "c'est ce que tu attends"?

 

Colette Lallement-Duchoze

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