Film chilien de Pablo Larrain
Avec Alfredo Castro, Roberto Farias, Antonia Zegers, J. Vadeli
Ours d'argent à Berlin 2015
Dieu vit que la lumière était bonne; il sépara la lumière des ténèbres" extrait de la Genèse I,4 cité en exergue
Que font ces hommes (et cette unique femme) apparemment sans histoires dans une maison apparemment calme dans une petite ville côtière du sud Chili (Patagonie)? L'arrivée d'un "intrus" (à l'intérieur de la communauté) et le discours très cru plein de ressentiments d'un homme apparemment ivre (extérieur) qui, adolescent a subi les abus sexuels de ce prêtre! vont lézarder l'image initiale, et pour le spectateur jouer le rôle de prémices dans ce théâtre de l'hypocrisie et de la violence .
Spectateur déjà alerté par cette circulation de regards peu "catholiques" et d'attitudes peu "orthodoxes". Mais surtout le recours à une image délavée décolorée (grâce à des filtres des années 60) l'avait plongé dans une ambiance crépusculaire contaminant aussi bien les extérieurs (plage, champ de courses) que les intérieurs de la maison de "retraite"
Oui au Chili, l'Eglise catholique et souveraine préfère parquer ses prêtres pédophiles et/ou délinquants dans ce "club purgatoire" en se faisant justice elle-même, plutôt que de subir les assauts de la presse à scandale (si vous nous expulsez je dis tout à la télévision " propos comminatoire de sœur Monica à l'émissaire du Vatican venu enquêter et prêt à fermer les lieux). Les ex-prêtres en ont conscience: aux paroles lénifiantes de sœur Monica chargée de l'intendance et du bien vivre ensemble Nous menons une bonne vie, une vie de sainte répondent en contrepoint leurs propos réalistes C'est moi l'Eglise! Ici c'est une prison une prison de merde avec des prisonniers de merde
Le cinéaste insiste là où ça fait très mal quand le refoulé éclate: mensonges turpitudes fourberies, chiens décapités ou empoisonnés et accusation de Sandokan bouc-émissaire idéal -lui par qui le scandale était arrivé- victime sacrificielle qui n'en finira pas d'être tabassée sous les regards approbateurs des vrais criminels tandis que résonne la musique d'Arvo Pärt....
A situation explosive dénouement apaisé? (on vous laisse découvrir le modus vivendi qui clôt le film...)
CLD