Film norvégien de Ole Glaever
Avec Ole Glaever, Marte Mgnusdotter Solem, Per Kjerstad
Pour échapper le temps d'un week-end à la morosité de son existence, (ah cette morne lassitude!) Martin (interprété par le réalisateur lui-même) part seul. Avec son sac à dos et affublé d'un bonnet, il marche, il court, il se repose au bord de l'eau ou sur un rocher. Nous le suivons qui arpente les paysages (non pas grandioses comme l'affirme le pitch mais aussi lisses que ceux d'un dépliant touristique; lacs tourbières landes rivières). Nous le suivons surtout dans ses pensées: sa voix intérieure (en off bien évidemment) que nous entendons tout au long du film illustre sa vulnérabilité, ses remises en question "suis-je un bon père", ses fantasmes (quand il se masturbe près d'un arbre cul nu, on voit une femme lui faire une fellation, bientôt relayée par un homme) ses "faux"remords (j'aurais dû rester célibataire ne connaître que la magie des rencontres) etc. etc. quoi de plus banal que cette fameuse "crise de la quarantaine"? Un souvenir toutefois le ramène à sa propre enfance dans sa difficile relation au père
Le ton était donné dès les premières séquences en ville: sa voix off s'interrogeant sur le chemin tout tracé d'un employé vu à travers une vitre, les propos triviaux d'un couple ami (hors champ), la gêne de retrouver sa femme (et le saumon? Tu ne vas pas le manger toute seule) le rapport sexuel vite fait debout dans la cuisine, tout cela traité comme une succession rapide de tableautins (auxquels Martin est comme étranger), précédant la décision et le départ.
Le seul intérêt du film résiderait dans le contraste entre cette banalité (situation et propos) et l'immensité d'une nature immuable (Martin est à la fois confronté à lui-même -grossissement de ses problèmes pseudo existentiels- et à l'immensité de la nature norvégienne, – qui le réduit à un homoncule-; nature si vivifiante que le personnage en vient à s'allonger pour la nuit sous un lit de lichen; mais une nature qui n'exclut pas l'usage du smartphone (car il convient de communiquer avec l'épouse, ou de se masturber, en visionnant un porno !!)
Alors tout ça pour ça??? Une "thérapie" qui passe par l'enlisement à l'image de Martin malencontreusement embourbé? Par la fausse régression :Martin s'est "oublié" dans le sac de couchage?
Colette Lallement-Duchoze