De Woody Allen
Avec Joachim Phoenix, Emma Stone, Parker Posey
Présenté au festival de Cannes (hors compétition)
Hasard et nécessité? Pulsion et raison? L'enfer et les autres; morale individuelle et morale collective, acte gratuit...A grand renfort de citations, Abe le prof nouvellement débarqué sur un campus, cet "intello à la bite molle" dépressif et alcoolique, va trouver sa raison de "vivre" grâce à un acte "libérateur"; il bouleverse aussi le cursus d'une étudiante Jill ("qui a lu tout Dostoïevski") et celui d'une prof quadragénaire Rita ...(réglons juste les problèmes pratiques dit-elle à son compagnon au moment de le quitter définitivement).
Parallèlement le cinéaste promène son spectateur d'une romance amoureuse, d'une comédie de mœurs, vers une comédie ontologique faisant du crime un rempart contre l'ennui de vivre, le fameux taedium vitae des Anciens. Et il aura balisé le parcours par des signes à valeur de signaux: les miroirs déformants (nous ne nous reconnaissons pas nous-mêmes,) le personnage isolé sur un rocher face à la mer (cliché du penseur romantique) le mal être d'une femme victime d'un avocat véreux, les pistes dans la recherche de l'assassin (comme autant de chemins de traverse) et au final si la morale est sauve ce n'est dû qu'à la "malchance" (scène où le tragique se mue en comédie foutraque)
Une voix off (celle de l'étudiante) sert de fil conducteur à l'ensemble du récit; tandis que celle du prof équivaut à un monologue intérieur. Mais rarement les deux vont coïncider (d'ailleurs le pourraient-elles?). En revanche la musique empruntée au groupe Ramsay Lewis Trio illustre le caractère"orageux" des trois protagonistes (dont il convient de saluer au passage l'interprétation)
Mais le charme "allenien" n'opère pas (ou plus) ....
Colette Lallement-Duchoze