De Andreï Kontchalovski (Russie)
Avec Aleksey Tryapitsyn, Irina Ermolova, T. Silich
Lion d'Argent du meilleur réalisateur à Venise 2014
On se laisse aisément emporter comme hypnotisé aux côtés d'Aleksey Tryapitsyin dit Lyokha (qui joue son propre rôle de facteur) sur les eaux si calmes de ce lac immense, le Kenozero dans la région d'Arkhangelsk. On se sent très vite en empathie avec Timur ce gamin dont Lyokha est comme le père adoptif, avec Brioche qui titube à longueur de journée, Youri, Vitya et surtout Irina la mère de Timur revenue au village, aimée en secret depuis si longtemps...avec tous ces êtres que côtoie le facteur à la fois passeur et médiateur. Personnages que nous surprenons, dans leur intimité, grâce à un montage parallèle, en train d'effectuer les gestes les plus anodins ou scotchés devant le poste de télévision.
Mais ce film dépasse "la simple chronique de gens ordinaires" qui, miséreux attendent du facteur non seulement le paiement de leur retraite mais aussi tous les menus objets nécessaires à leur survie. Dans cette région de la Russie, les nuits "blanches" une partie de l'année réveillent des fantômes -quand Lyokha est filmé allongé sur son lit, une lumière blanche qui contraste avec le gris d'un énorme chat, nous met en éveil... rêve ou réalité? la frontière est bien poreuse!! Et quand dans la barque, le facteur raconte à Timur l'histoire de la sorcière Kimora, qui sévit dans les abymes lacustres, alors que résonne le requiem de Verdi, la "chronique" confine au "surnaturel": le lac, lieu de passage entre deux mondes, serait aussi le réceptacle des peurs, des fantasmes, millénaires à l'instar de sa mythologie. La "chronique" peut tout uniment inviter à la contemplation: photos du générique commentées par Lyokha, pan de mur vert, motifs fleuris de la taie d'oreiller, du papier peint mais surtout présence d'un arbre qui inévitablement évoque Tarkovski !
Une petite incursion dans le monde urbain (Lyokha avait décidé de quitter le village...suite à deux fâcheux contretemps) oppose -avec complaisance- les déboires de ce monde mécanisé (exiguïté du logement, proximité assourdissante du train) aux bienfaits d'une Russie "immémoriale", celle des bords du lac Kenozero
Les paysages sont sans conteste magnifiques mais la façon de les capter flirte parfois avec le chromo. Plus subtilement filmés, les intérieurs des maisons en bois au mobilier si rudimentaire-avec effet de fish-eyes ou cadrages qui renvoient à des peintures aux couleurs chaudes ou froides!
On l'aura compris ce film est un hymne à une Russie rurale, immuable
Pourquoi malgré les retraites confortables et les magasins bien achalandés, on est victime du stress" ? s'interroge l'un des protagonistes ....
Colette Lallement-Duchoze
La bande annonce du film était prometteuse mais l'ennui gagne car le scenario est mince.
De plus il n'y a pas d'humour et ça manque, on aurait pu imaginer quelques scènes drôles comme les Russes savent le faire, ce qui aurait donné de l'épaisseur à cette langueur triste qui ressemble à du déjà vu.
Serge Diaz 6/08
La ténuité d'une intrigue (ou la minceur d'un scénario) n'induit pas forcément "ennui ";
tout repose sur la "façon de filmer" ....
Colette