Premier long métrage de Jairo Boisier (Chili)
Avec Paola Lattus, Cataline Saavedra, José Soza, D Antivillo
Caméra fixe, plans séquences, absence de musique, parcimonie des dialogues, teintes souvent froides, hivernales, tels sont les choix du réalisateur chilien pour illustrer un problème à la portée universelle "peut-on retourner à ses origines, revenir aux sources, quand un passé largement décrié vous colle à la peau?" Fabiola, 30 ans, est de "retour" de Santiago où elle jouait dans des films X (nous n'en saurons pas plus, c'est le parti pris de Jairo Boisier et nous lui en saurons gré). Seule, descendant du bus avec sa valise à roulettes (lieu de l'enfouissement?) -c'est la séquence d'ouverture-, elle "revient" dans sa ville natale. Mais elle va devoir "affronter" à la fois son père et sa soeur (voilà pour le microcosme familial) et tous les "autres" (Moises le patron de la déchetterie pour qui demander des "faveurs" est tout à fait légitime, son fils Tarentule qui se branle en visionnant les films pornos dans lesquels elle a joué, l'amie de jadis avide d'histoires croustillantes, etc.). Gestes de tendresse à peine esquissés (relation au père), démentis et discours de justification censés l'exonérer; dur dur d'imposer une autre image de soi !!!
L'actrice Paola Lattus est de tous les plans, de tous les tableaux. Grâce à la variété des cadrages et des lumières, à la diversité des attitudes et des positions le spectateur l’accompagne plutôt qu’il ne regarde à travers ses yeux; (comme une forme de distanciation qui romprait avec la subjectivité psychologique du personnage). Personnage central certes; mais le village des origines n'est-il pas lui aussi un personnage à part entière? avec ses tensions internes, avec ses non-dits, etc.?
Un drame, étouffant au début, -heureusement empreint d'humour- et qui ira se déliant jusqu'à la scène finale
Cela étant, il n'est pas exclu que ce film soit pour certains fort ennuyeux!!!
Colette Lallement-Duchoze