film franco-turc de Deniz Ganze Ergüven
avec Elit Iscan, Erol Afsin, Tugba Sunguroglu, Gunes Sensoy, Ilayda Akdogan, Doga Doguslu
présenté à la Quinzaine des réalisateurs Cannes 2015
C'est le genre de film qui ne peut que plaire -même si la thématique n'est pas originale, à savoir le statut des femmes muselées dans une société patriarcale traditionaliste en l'occurrence la Turquie -, tant la fougue juvénile irradiante de beauté, vous emporte et vous habite! Le titre d'ailleurs n'est pas anodin; il renvoie à ce cheval d'Amérique du Nord vivant à l'état sauvage capturé pour le rodéo. Ainsi deux forces en présence: d'une part la belle impulsivité d'autre part la "tragique" domestication
La scène d'ouverture en bord de mer avec ses panoramiques où se confondent le bleu céruléen du ciel et le bleu roi de l'eau, ses mouvements de caméra qui captent les ébats ludiques des jeunes filles et jeunes garçons dans les vagues, sa bande-son (les rires, les cris), est placée sous le signe de la joie de vivre, de la liberté.... Mais à partir du moment où ces jeux seront interprétés comme les signes indéniables de "débauche" (attouchements libidineux, rien que ça!! honte à la famille!!) le sort des cinq sœurs sera (définitivement?) scellé. Séquestrées, contraintes de substituer à l'enseignement de l'école, ceux de la couture et de la cuisine, esclaves d'un oncle tyrannique (une scène d'inceste est pudiquement suggérée hors champ), soumises aux diktats de la grand-mère (apparemment plus humaine mais corsetée dans son respect irrépressible de la tradition), elles sont victimes tour à tour du "mariage forcé", et ce, malgré leur farouche rébellion...Certains cadrages les montrent comme appartenant à un seul et unique organisme vivant (un cheval fou!), organisme qui se crevasse, se délite avec les départs forcés des trois jeunes "mariées"
Le point de vue adopté dans ce film est celui de la petite dernière, Lale (commentaires en voix off) et son comportement subversif d'insurgée sera au final récompensé!!.( elle est aidée dans son "émancipation" par Yasin – le livreur en camionnette- et l'institutrice).
Un premier film à ne pas rater!
Colette Lallement-Duchoze
Un premier film, donc, à ne pas rater pour tout ce qu'en dit Colette mais qui aurait eu encore plus de force sans la fin un peu laborieuse ( les barricades dans la maison ) et surtout son happy end.
M Elkaim 12/07
D'accord pour l'essentiel avec ce qui précède
Cependant un aspect semble occulté: l'humour -situations propos etc.-. Il permet (mais c'est un point de vue) à la réalisatrice de ne pas trop noircir ou du moins de tempérer un état des lieux assez cruel, inhumain
MHL 13/07
Très bon film .Les habiles, gracieux, mouvements de caméra sur ces beaux corps adolescentes, sans insistance, toujours en mouvement avec les cheveux qui ondulent si bien qu'ils sont un langage et complètent les dialogues. Pour répondre à Marcel Elkaim : l'excellente fin lest justement habilement pédagogique bien qu'elle laisse le champ libre à toutes les interprétations, mais c'est bien par l'éducation qu'incarne la prof bien aimée, femme vivant à la capitale de plus, que viendra la sortie de cet enfer où vivent les jeunes filles dans ces régions arriérées. Pour répondre à MHL : La révolte des deux dernières adolescentes donne au film sa note optimiste, elle montre que leur libération ne s'obtiendra que par leur lutte.La situation est objectivement noire, c'est grâce à sa forme que ce film très réaliste nous aide à respirer et ça fait du bien.
Serge Diaz 16/07