De Guillaume Nicloux
Avec Isabelle Huppert, Gérard Depardieu, Dan Warner
Film présenté à Cannes (Compétition Officielle)
Parce que les deux acteurs sont des "monstres" du cinéma, parce qu'ils sont "bankable", le film écoeurant de grossière niaiserie risque de donner une bien piètre image du cinéma français!
Film lourdingue comme l'est Depardieu qui, dégoulinant de sueur, peine à marcher, qui, étalant son énorme ventre, en vient à cacher parfois le décor de la Vallée de la Mort. Et le contraste avec la frêle Isabelle Huppert n'en est que plus ridicule!
L'itinéraire de ce couple, (séparé depuis quelques années, convoqué par Michael leur fils suicidé qui doit leur apparaître tel jour à tel endroit dans la Vallée de la Mort) est balisé de "signaux" aussi artificiels qu'improbables (un chien esseulé dans le désert, les stigmates -marques sur les chevilles de la mère et au final sur les mains du père- tête de chien borgne baignant dans son sang dans les toilettes, apparition d'un "fantôme" dans les jardins du Motel, etc.) même si le spectateur a l'intime conviction qu'il s'agit de fantasmes hallucinatoires. Les effets d'échos ou de parallélismes (d'abord Isabelle Huppert vue de dos, puis vers la fin Depardieu), le procédé de l'alternance ou du montage parallèle, avant la rencontre des deux "parents", les plans sur les deux acteurs de face ou de dos, sont éculés et ici trop appuyés. Et ce ne sont pas quelques réparties "j'ai les pieds comme des rumstecks", "où veux-tu que je trouve du poivre ici", etc. dites avec un semblant de "sérieux" qui vont racheter la fadeur d'un scénario où manifestement le réalisateur maquille l'inconsistance de son propos par des panoramiques sur la Vallée de la Mort
Bien sûr on pourra toujours alléguer que le rendez-vous prévu par le fils est à la fois un rendez-vous avec eux-mêmes avec leurs propres fantômes leurs angoisses (donc interpréter le tout comme un voyage initiatique), que la Vallée de la Mort peut se métamorphoser en Vallée de l'Amour, que Guillaume Nicloux tente d'opposer "vision et croyance", que son film résonne d'indices biographiques (Gérard Depardieu et son propre fils, Gérard et Isabelle à nouveau partenaires depuis le film de Pialat), et que... et que...
Rien n'y fait!
Hormis la musique de Charles Ives!
Colette Lallement-Duchoze