Documentaire réalisé par Denis Robert et Nina Robert
Pour rendre hommage à l'iconoclaste, le fondateur d'Hara Kiri en 1960 (hebdomadaire bête et méchant), au pourfendeur des "culs bénits", héraut de la liberté d'expression, mais aussi à l'écrivain, Denis Robert a réalisé un documentaire (au sous-titre évocateur "jusqu'à l'ultime seconde j'écrirai) où se croisent interviews, images d'archives et témoignages (Siné, Willem, Delfeil de Ton et Sylvie Caster.). Un documentaire qu'il a dû financer avec prêt participatif -aucune chaîne n'ayant consenti à l'aider financièrement!
Ironie de l'histoire: son travail commencé bien avant 2014, vient percuter sur le roc de l'immanence: la mort de Cavanna en janvier 2014 et un an après, sur l'atroce fêlure de l'Histoire: les événements tragiques de janvier 2015 (le rendez-vous prévu avec Wolinski ne put avoir lieu...). Il s'en trouve illuminé d'autres feux!
Cela étant, alors que dans sa déclaration d'intention Denis Robert affirme "ne pas faire oeuvre hagiographique", le choix au montage de prendre comme fil directeur les extraits d'oraisons funèbres de témoins et amis (Charb, Laclavetine, pour ne citer qu'eux) lors des funérailles de Cavanna, verse malgré tout dans la litanie spécifique de l'hagiographie. Donner à voir des paragraphes calligraphiés en exergue aux chapitres consacrés à l'oeuvre de Cavanna (Les Ritals, Les Russkoffs, Lune de miel, etc.) tourne au procédé "facile". Le recours aux très gros plans (visage de Cavanna répondant aux questions de Denis Robert, lequel reste la plupart du temps hors champ) est assez plombant (et ce, malgré une beauté inaltérée par l'âge et la maladie!). Parfois même alors que le spectateur entend en off certaines voix amies, son attention est perturbée par un défilement rapide d'images qui donnent l'impression d'une accumulation à peine maîtrisée
On l'aura compris: un sujet très porteur mais une mise en forme décevante
Résonne malgré tout la vibration du Vivant par-delà la Mort!
Colette Lallement-Duchoze