19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 06:18

De Diego Lerman Argentine, Colombie

Avec Julieta Diaz, Sebastian Molinaro

Refugiado

Pour dénoncer les violences conjugales, le réalisateur insiste sur les effets collatéraux et pervers. Tout d'abord fuir le bourreau : le mouvement de la caméra épouse ainsi les spasmes et hoquets de la peur; rythme saccadé et rapide; caméra à l'épaule aux mouvements heurtés, plans rapprochés sur le visage de la mère; on hèle un taxi, on prend le bus, le métro, et au final le bateau pour retrouver la mère dans une contrée lacustre. Laura et son fils Matias seront hébergés successivement dans un "refugiado" (refuge pour femmes battues)  dans l'appartement d'une amie, ou encore dans un hôtel de passe (cf l'affiche;  superbe plan en plongée sur un love bed de velours rouge) avant d'être accueillis par la mère. La peur, se sentir traqué, emprisonne englue l'être au profond même et surtout si l'ennemi reste invisible (à peine silhouetté au sortir de l'ascenseur; sa voix? nous l'entendrons deux fois au téléphone ainsi que son discours bien rodé de pénitent éploré). Diego Lerman avait dès le début rendu tangible cette impression d'emprisonnement avec ces grillages, cette immense "cage" de jeux pour enfants....(qui rétrospectivement acquièrent une connotation métaphorique)

L'enfant! C'est à travers son regard que nous captons la violence des adultes; et c'est précisément ce qui fait la force du film, à défaut de son originalité. À la scène d'ouverture (Matias, cape sur le dos et lunettes ventouses sur le visage sort d'un tunnel toboggan; puis seul attend vainement sa mère) répond comme en écho le début de la dernière séquence: (recroquevillé seul dans un pneu sur le bord de la rive) Entre ces deux plans que de chemin parcouru! -et ce dans tous les sens de l'expression! Le foyer pour femmes battues, à l'ambiance assez glauque, il parvient avec sa petite copine à le transformer en terrain d'expériences. Il souffre de la souffrance de sa mère; il lui emboîte le pas dans leur "traque" ; il répond à l'appel du père; il se rebiffe; mais au final alors que Laura se blottit dans les bras de sa mère et redevient enfant, lui, après avoir arpenté et défié seul les arcanes d'une nature hostile aimante et souveraine à la fois, ne se sentira plus ni réfugié ni fugitif!

 

Et pourtant quelque chose ne "fonctionne" pas bien dans ce film.... Faux thriller? Dans la course-poursuite... Scènes entre adultes? Par trop explicatives démonstratives... Maturation de l'enfant de 7 ans? Je ne sais....

Reste prégnante cette musique assez envoûtante de violon et violoncelle..

 

Colette Lallement-Duchoze

Partager cet article
Repost0

commentaires

Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

Envoyez vos articles ou vos réactions à: artessai-rouen@orange.fr.

Retrouvez aussi Cinexpressions sur Facebook

 

 

Recherche