15 mai 2015
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De Giulio Ricciarelli (Allemagne)
Avec Alexander Fehling, Friederike Becht
J’encourage à aller voir Le Labyrinthe du silence, film allemand de Giulio Ricciarelli, tous ceux qui comme moi se disaient, au vu de la bande annonce, bof... encore un film tourné à l’américaine sur les nazis.
Eh bien, non, heureuse surprise ! Le film est de facture classique, certes, image et montage très soignés, avec un scénario solide, une décoration qui nous plonge dans le Francfort de la fin des années 50, une succession de tableaux de couleurs froides, acteurs bien présents, le procureur bien aryen ! tout indique un pays qui se reconstruit sans vouloir se retourner en arrière. Plongée dans une Allemagne d’après guerre, donc, dont on a peu parlé et qui ressurgit avec un questionnement universel. En dehors des 150 grands criminels de guerre jugés à Nuremberg par un tribunal des forces alliées (toutes ?) que sont devenus tous ces nazis qui ont participé à l’horreur ?...
Le personnage qui mène l’enquête est jeune, on ne peut plus lambda, bien joué au demeurant, et l’histoire d’amour qu’il noue avec une charmante jeune femme réussit à prendre sa place dans cette histoire toute braquée sur le devoir de justice.
On ne peut en sortant du cinéma que se demander : mais nous, les Français ? N’avons nous pas aussi refoulé notre passé criminel ? Combien de collabos pétainistes ont continué de vivre et même pour certains, comme Papon ou Bosquet à devenir ministre, haut fonctionnaire ?! Avons nous jugé les militaires qui ont torturé pendant la guerre d’Indochine, la guerre d’Algérie, à commencer par Le Pen ? Pourquoi les peuples ensevelissent si vite leur histoire lorsqu’ils sont coupables, complices d’actes de barbarie ?...
Comme ce jeune juge, par nos racines individuelles ou collectives nous ne sommes pas totalement vierges en ce domaine, reste le courage de certains individus de tenir au dessus de l’eau l’idée que justice doit toujours être faite. La justice est un combat et c’est avec intelligence ce que nous rappelle ce bon film inédit.
Serge Diaz
D'accord sur l'ensemble de la critique mais on peut regretter le côté un peu trop "lisse" du film. On aurait aimé plus de mordant et d'implication de la part du cinéaste. Bien sûr à voir quand même !
Marcel Elkaim le 28/05/2015