23 mai 2015 6 23 /05 /mai /2015 05:56

D'Emmanuelle Bercot

Avec Rod Paradot, Catherine Deneuve, Sara Forestier, Benoît Magimel

La tête haute

Quelque chose ne tourne pas rond dans ce film qui a fait l'ouverture du festival de Cannes; et pourtant il serait, dit-on,  ovationné et plébiscité par le public et la critique

Faisons fi des invraisemblances (irruption du jeune Malony au bloc opératoire afin d'éviter une IVG, choix de Catherine Deneuve pour interpréter la juge; un procureur forcément inhumain, des éducateurs forcément dévoués) puisque nous sommes dans une fiction et non dans un documentaire. Mais la dialectique intrinsèque qui fait de Malony (et de ce qu'il est censé représenter -incarner un  déterminisme social, à Dunkerque de surcroît -) un individu partagé constamment entre deux forces contradictoires qu'un happy end va dissoudre, est assez suspecte. Si l'on ajoute l'interprétation de Sara Forestier qui en fait trop en mère ignare, fragile et pourtant aimante (pourquoi diable l'avoir en plus défigurée avec ces lamentables chicots....) Et violoncelle sur le gâteau, du Schubert....

On est trimbalé avec Malony en centres d'accueil, en CEF et jusqu'à la prison, avec visites régulières dans le bureau de la juge. (10 ans  ça crée des liens!!  ce que renforcent les clichés faciles -mère de substitution ou gros plan sur les mains qui se cherchent).  La caméra est certes souvent convulsive virevoltante à l'image de ce rebelle délinquant; et le rythme de la narration fait alterner moments de rage et d'accalmie. Mais on fait comprendre que le "dressage" est nécessaire au processus "réinsertion éducation". Le spectateur assiste à un face à face quasi permanent entre deux camps aux comportements antinomiques: réserve, empathie parfois, ténacité dans la volonté de "bien faire" d'une part, violence comportementale et verbale de l'autre . Pire, on prend soin de rappeler à cet ado combien il coûte à la "société" (200 voire 800 euros/jour)

Un manichéisme trop voyant; un hommage appuyé au système qui a su mettre en place tant de structures d'accueil de réinsertion d'éducation (dont les jeunes n'auraient que faire....) après tout "on les met sur des rails à eux de...."

Un bémol: la scène inaugurale: dans le bureau de la juge, Malony, 6, 7 ans, est abandonné par sa mère qui a pété les plombs; quelques gueulantes quelques mouvements de caméra, et le regard presque hébété de l'enfant: tout est dit!

Et une mention spéciale à Diane Rouxel (en Tess la petite amie de Malony) dont le jeu si élégant de sobriété force l'admiration (on l'on avait vue récemment dans The Smell of us )

 

Colette Lallement-Duchoze

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